B​â​ton de Parole

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1.
Teueikan 08:18
Au commencement les gens, les innus, commençaient toujours les cérémonies par le battement des tambours. Puis son chant s'intitule; il demande à son père, son ancêtre, de l'aider dans son cheminement.
2.
Nomades 10:54
Ma mère dit qu'elle est née dans le territoire au nord, vraiment très loin au Labrador. Ça s'appelle Mussuanipi. C'était un mois de janvier, sa mère a accouché lors d'une tempête. Il paraît qu'il faisait très froid en début de janvier. Elle dit que quand la femme avait mis son enfant au monde, ils ne s'arrêtaient que deux nuits. Après ça ils reprenaient leur route. Elles avaient long à faire pour se rendre là où il y avait le camp de base par exemple... Il fallait qu'ils marchent longtemps encore. "Dans ce temps là on vivait encore dans le bois, nous étions encore nomades. Tout de suite on reprenait notre vie de nomades. On s'en allait en forêt pour suivre le circuit des chemins de portage et des lignes de trappe. C'était notre vie à cette époque-là et on aimait ça." ...et parfois au printemps on pouvait arriver par Baie Johan-Betz. Là où l'ogre a été brulé et transformé en mouches noires. C'est ça notre histoire.
3.
Certaines légendes racontent que tous les êtres humains ont déjà été mariés avec les animaux. Dans la culture innue, l'être qui fait la traduction ou fait le lien entre les animaux et les êtres humains s'appelle Mistapeo. C'est le grand homme bienveillant. C'est un autre esprit. C'est lui qui surveille les êtres humains. Il y avait un shaman qui a demandé à l'esprit du caribou: "on va faire la tente tremblante" Et la tente tremblante, c'est là que l'esprit Mistapeo, un être bienveillant, fait la traduction ou la transmission de la parole entre l'animal et entre l'homme. Et là c'est la conversation.
4.
Il fallait que les aînés rêvent trois fois au tambour avant d'être digne d'accompagner le Teueikan. C'était un instrument pour la chasse. C'était un instrument que les hommes avaient à leur disposition pour communiquer. C'est là que l'esprit du caribou parlait au chasseur pour les diriger dans leur chasse. Les aînés faisaient la graisse de caribou qui est un aliment sacré. Parce qu'ils broyaient les os de caribou et c'est ainsi que les chasseurs innus pouvaient subsister pendant l'hiver. Puis ils se servaient aussi de la viande de caribou et la viande de caribou séchée que l'on pouvait réduire en poudre. Puis cette poudre de viande était mélangé avec la graisse de caribou... À cette époque-là nous poursuivions notre migration sur la rivière Romaine. Là où le chantier Romaine est établi maintenant. Son mari c'était vraiment un Shaman. Puis là j'étais allé voir son mari à un moment donné et il a dit : t'as besoin d'avoir peur dans la forêt; des fois tu vas sentir des choses dans la forêt... aie pas peur, c'est des bons esprits, ils t'accompagnent... Elle parle, tés de la vie heureuse qu'ils avaient quand ils vivaient encore sur le territoire. Quand c'était une harmonie totale qu'ils vivaient, quand ils étaient ensemble sur le territoire... Le tambour est sacré parce qu'il est relié au sang sacré de la chasse. Toute personne doit respecter le tambour. Lorsque les enfants sont tout petits, on leur enseigne à respecter déjà le Teueikan. Parce que c'est une question de survie. Papakasiuk c'est l'esprit du caribou. Et le caribou c'est vraiment l'animal principal que les innus chassent. Après le festin, on danse. C'est pour dire merci à l'esprit du caribou et aussi pour que ça revienne; pour la survie. Madame ici, elle dit que la vie dans le bois c'était très important. C'est ce qui l'a éduqué, qui lui a appris beaucoup de choses. Et depuis que les jeunes vont à l'école, c'est vraiment dommage que ce soit presque tout disparu. Quand il y a eu le début de la scolarisation des autochtones ici dans la communauté par le gouvernement fédéral. Vous savez que le village innu de Nutashkuan a été créé en 1953. L'existence du pensionnat indien de Sept-Îles a débuté en 1951. Alors le gouvernement fédéral est arrivé ici avec ses fonctionnaires, avec un missionnaire avec l'assistance de la police montée dans le temps (la gendarmerie royale du canada). On nous a demandé si on voulait scolariser nos enfants. Ça s'est fait. Ça s'est fait sans notre consentement. On nous a arraché nos enfants. Quand ils revenaient des pensionnats on ne pouvait plus communiquer avec eux. Ils avaient perdu certaines notions, et même les principales notions de la langue innue.
5.
Sédentaires 12:00
...et ce qu'ils disent aussi, comme Marie-Ange et Abraham: "Maintenant, quand on mange les animaux; le poisson, le caribou, le lièvre; ils n'ont plus le même goût." Elle dit que les jeunes, c'est dommage, ils n'auront plus la chance de connaître tout ça. Et puis toutes les rivières vont se fermer. Elle dit: "On est à la veille de partir vers la mer". Souvent on nous dit, vous autres les autochtones vous "étiez", vous étiez "ça". Vous aviez votre culture, votre langue et tout ça. Comme ci tout cela était mort. Actuellement, les enfants avec qui je parle, les petits comme mes petites nièces, elles ont quatre ans. Je leur parle en innu, elles me répondent en innu. Puis je me dit c'est actuel. C'est eux autres qui vont marcher, qui vont prendre le bâton de parole et qui vont transmettre le message.
6.
7.
Finale 07:19
Deux garçons traduisent un aîné: "Quand j'étais petit on allait toujours au nord, on avait pas de jeux vidéos..." Une fillette: (...) Ça veut dire: on va aller quelque part. (...) Ça veut dire: on va faire du feu. Puis aussi on peut manger la banique dans le sable. (...) Ça veut dire ma grand-mère.

about

En 2010 et 2011, les compositeurs Benoit Rolland et Jean-Francois Blouin sont allés rencontrer la communauté innue de Nutashkuan - à plus de 1400 km au Nord-Est de Montréal, sur la Côte-Nord du fleuve St-Laurent.

Ils étaient invités à participer et à enregistrer des Cercles de Parole et d'échanges avec les aînés de la communauté. Dans leur langue puissante, les aînés y racontaient leurs souvenirs de l'époque du nomadisme - pas si lointaine -, ainsi que leurs préoccupations actuelles, liées à la vie sur la réserve.

Benoit Rolland et Jean-Francois Blouin se sont ensuite servi de traductions et de collectages de l'univers sonore du territoire innu, pour orchestrer et mettre en musique les témoignages recueillis. Oeuvre contemplative et documentaire, à la fois ethnologique et fantastique, Bâton de Parole est avant tout une invitation à la rencontre du peuple innu et de son histoire récente.

Toutes les prises de sons ont été réalisées à Nutashkuan entre 2010 et 2012.

Les discussions ont été enregistrées lors de cercles de paroles, pendant le festival Innucadie. Nous tenons à remercier tous les aînés qui nous ont partagé leurs expériences de vie; Germaine Mestanapéo, Adèle Bellefleur, Joséphine Bacon, Marie-Paul Malec et Jean Malec pour leurs traductions; Alexis Roy pour son support; le Festival Innucadie, la communauté innue de Nutashkuan et le village de Natashquan pour leur accueil. Les joueurs de tambours que nous avons collectés sont Charles-Api Bellefleur de Unaman-Shipu et Grégoire Kaltush de Nutashkuan. Nous remercions le Conservatoire de Musique de Montréal et Akousma de nous avoir accueilli pour la création de cette œuvre en mars 2013.

Crédit photo : Éric Maillet

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released January 1, 2024

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Bâton de parole Montreal, Québec

Oeuvre électroacoustique documentaire de Jean-François Blouin et Benoit Rolland, Bâton de Parole est une invitation à la rencontre du peuple Innu et de son histoire récente.

Electroacoustic documentary piece by Jean-François Blouin and Benoit Rolland. Bâton de Parole is an invitation to meet the Innu people and their recent history.
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